C’était l’événement du jour à Bruxelles. Marc Zuckerberg, le fondateur de Facebook, était dans les locaux du Parlement européen et répondait à la convocation de l’institution représentant les citoyens du continent.
Il y avait tout pour en faire un moment européen. Au lieu de cela, nous avons eu un rendez-vous manqué. L’audition a été plutôt décousue et Marc Zuckerberg a pu ne pas répondre le plus facilement du monde.
En effet, le format choisi pour l’audition n’a pas permis un véritable échange. Après une première introduction, le patron de Facebook a écouté patiemment les membres de la conférence des présidents de groupes un par un avant de répondre de manière globale en quelques minutes.
Erreur grossière qui contrastait la fanfaronnade du président du Parlement européen à la sortie de l’audition. « Nous avons obtenu les excuses de Mark Zuckerberg », a claironné Antonio Tajani.
C’est vrai, c’est un succès pour le Parlement européen. Quand le patron de Facebook se déplace en Europe pour délivrer un message, il ne le fait pas dans un des 28 parlements nationaux. Il choisit l’institution qui lui permet de s’adresser en même temps à 500 millions d’Européens.
Mais cette victoire de l’espace public européen est assombrie par le manque de lisibilité de l’audition. Chaque groupe a pu poser ses questions, mais aucun n’a eu réellement de réponse. Chacune des personnalités politiques présentes pourra mettre la vidéo sur son site et ses réseaux sociaux, mais l’intérêt de l’exercice était proche de zéro pour le citoyen européen.
Quand on compare ce qu’il s’était passé avec le Congrès américain, les différences sautent aux yeux.
Certes, Mark Zuckerberg n’est pas un citoyen européen comme l’a pointé Antonio Tajani, mais le président du Parlement européen aurait mieux fait de ne pas expliquer le timing de l’audition par le fait que le patron de Facebook avait un avion à prendre. Comme si son agenda était plus important que le pouvoir politique de notre continent…
Tant que le Parlement européen s’excusera d’avoir du pouvoir, il continuera de gâcher ses belles victoires.
Au final, on finit par se demander à quoi cette audition a servi. On a surtout l’impression qu’il n’y aurait rien eue derrière, même si les eurodéputés avaient mis Zuckerberg en difficulté.
Car les chefs de groupes politiques semblaient bien préparés pour cette rencontre. Leurs questions étaient précises et abordaient des débats qui méritent d’être mis en lumière.
Au final, nous avons assisté à un débat des plus frustrants.
